jeudi 22 mai 2008

Pince-fesses

"Bruno, ça ne te dérange pas d'y aller, tu habites tout près ? On a été invités, je ne sais pas trop comment ce sera, mais ce serait bien qu'on sache ce qui s'y dit... De toute façon y'aura des gens bien habillés et des petits fours."

Et voilà comment je me suis retrouvé à l'entrée d'une salle de réunion dans un cabinet d'avocats de Lyon, autour d'une très grande table ronde, parmi ce que je dois bien appeler :
des notables de province.

Le sujet qui avait commencé avant que je n'arrive était intéressant, mêlant politique, économie et organisations ; les arguments - que je ne comprenais pas tous - étaient pertinents et vifs... Mais je ne pouvais m'empêcher d'observer aussi les caractères qui étaient attablés là.
Majoritairement des hommes, une moyenne d'âge d'environ 50 ans, tous en chemise ou chemisier, un tiers en cravate, la moitié avec une veste, portant tous une alliance, un tiers bedonnants, et beaucoup s'exprimant avec un air sûr de soi, sûr d'être arrivé, sûr de savoir, sûr de sa notabilité.

J'ai été bien accueilli... par l'un des plus jeunes (40 ans), membre du Bureau de cette assemblée. Et quand il a été question de bonnes volontés pour rentrer au Bureau de l'association, après avoir rappelé avec connivence les noms des anciens, on a parlé de jeunesse : et les regards se sont tournés vers moi... disant qu'en plus on n'avait jamais eu de représentant de ma catégorie... Alors j'ai bredouillé un "je viens d'arriver" qui a pourtant fini d'emporter la certitude - "eh bien justement !" - de l'assemblée : c'était bon, j'en ferai partie.
Alors j'ai regardé mes mains jusqu'alors croisées sur la table... j'ai relevé les yeux vers tous et écarté mes doigts un instant, d'un signe de résignation flattée, poliment : d'accord, je viens.

Durant le reste de la réunion qui portait sur des statuts (où j'ai encore appris beaucoup parmi des touffes d'informations souvent floues pour moi), je me demandais tout de même ce que j'avais accepté au juste...
Et puis finalement, ce qui a emporté mon esprit c'est : on verra bien, je n'en mourrai pas !

...C'est Erwan qui va être content que j'ajoute encore des réunions !


Alors me voilà arrivé parmi la bourgeoisie de province. Je me sens comme en territoire inconnu... une expérience ethnologique en immersion. On verra bien.

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