jeudi 18 septembre 2008

Biennale de la danse (III)

Dimanche à 20h30, et le jour est important, c'était "The show must go on" de Jérôme Bel, avec le Ballet de l'Opéra de Lyon.
Ce dimanche, c'était aussi un jour où il a fait beau après une semaine un peu pluvieuse, et c'était le dimanche de la Parade de la Biennale, un défilé des grandes écoles de danse de la région, avec 200.000 spectateurs des Terreaux à Bellecour.

Un spectacle le dimanche soir, c'est toujours un peu plus décontracté qu'en semaine ou samedi soir. Le costume-cravate du bureau est reposé, et pas mal de monde vient directement après la balade dominicale.

Alors quand il n'y avait toujours aucun danseur sur scène après plusieurs MINUTES du premier morceau musical, on entendait un murmure de rires dans la salle. Et quand ce fut la même chose dans le second morceau, les murmures étaient devenus un véritable bruit, mêlé de discussions à haute voix, de rires, de commentaires, parfois de cris d'encouragement, et finalement tout le public a appelé les danseurs en rythmant la musique d'applaudissements.
Mais toujours rien, alors le troisième morceau commence et enfin les danseurs arrivent. Applaudissements amusés, mais... rien. Les 14 danseurs restent sur scène, habillés comme n'importe qui, et restent immobiles sans expression.
L'ambiance devenait réellement bruyante, c'était du chahut, des rires groupés, des plaintes à haute voix, des réflexions criées...
Au quatrième morceau, enfin les danseur dansent... mais dansent comme nous tous, comme on danse en boîte...
Puis il y eu l'épisode du DJ, la chanson de Titanic, le Yellow Submarin, la Macarena, la Vie en rose, le noir intégral, les walkmans, etc. Et même un spectateur est venu sur scène pendant un noir, et s'est foutu complètement à poil, s'est remué, a levé les bras au ciel sous les acclamations, a pris le temps de se rhabiller et est retourné s'asseoir toujours en héros. Personne ne savait si c'était fait exprès ou pas, même pas les ouvreurs complètement stressés ("j'hallucine" disait celui qui était à côté) en guettant chaque briquet levé qu'il fallait faire éteindre pour raison de sécurité...

Tout ce qui fait un spectacle de danse était anéanti : pas de musique originale, pas de danse raffinée, pas de performances, aucune émotion des danseurs...
Et lorsque le DJ a mis Let's dance de David Bowie et que lui et tous les danseurs se sont tournés vers nous,nous les spectateurs, eh bien Erwan et moi nous sommes levés et on a dansé ! Après tout, puisque c'était du n'importe quoi, autant participer ! Et finalement c'est une expérience saisissante de se lever au milieu d'un parterre d'opéra pour se remuer ! On était assez peu au sol, beaucoup plus nombreux dans les balcons... (la stratification sociale d'une salle de spectacle est toujours vivace !).
Des spectateurs sont partis peu à peu, sous les applaudissemsnts, la plupart des spectateurs était tétanisée, une partie était un peu hystérique à crier, ouspiller, remuer, lancer des programmes devenuis avions de papier, hurler, danser...

"C'est un peu du foutage de gueule", ce fut notre première réflexion en sortant. Mais finalement...
Aujourd'hui je trouve de la richesse à ce spectacle. On ne m'avait jamais forcé ainsi à m'interroger sur la relation du spectacle au spectateur... Je dois encore y réfléchir d'ailleurs.

D'autres spectateurs :
- janvier 2005 aux USA.
- pendant la biennale d'art contemporain en septembre 2007.
- en mars 2007 à Vanves.
- en 2007 à Lyon, par Libération.
- et un autre spectateur dimanche dernier, avec une petite vidéo de l'ambiance dans la salle.

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