dimanche 21 avril 2013

Le petit bus, de St Exupéry

En partant travailler, je me répète souvent : "Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde."

Cela fait quelques mois que, cheminant vers le bureau, je suis plus léger, que j'attends de le voir.
Il m'est impossible de le distinguer de loin, c'est toujours lui qui me voit en premier.
Et nous parlons de tout et rien. Et ces 20 minutes de trajet sont plus courtes que jamais, même quand on ne se dit rien, que l'on est juste "content" d'être là, côte à côte.
Bien avant de voir le bus, de déchiffrer son numéro, je suis déjà impatient, heureux de penser qu'il sera dedans.
Avant qu'il n'arrive, je ne peux rien distinguer à travers les reflets du pare-brise, je ne sais donc pas s'il est là.
C'est toujours lui qui me voit en premier.

Et quand il me voit, il me fait un appel de phares. Cet appel est pour moi. Rien que pour moi.
Le bus peut être plein, l'arrêt bondé, mais à cet instant, cette lueur au loin ne nous relie que lui et moi.
Et au milieu de la foule anonyme qui exige son dû, qui subit son trajet, qui réclame le service contractualisé, je suis déjà heureux de le savoir là. Je savoure déjà le trajet à venir.
Cet appel de phare suspend le temps, éblouit mon bonheur, cette fraction de seconde arrête les heures de ma journée à venir.

Saint-Exupéry savait déjà que quand il est en retard, je m'agite et m'inquiète.
Et quand il n'est pas là, le voyage redevient semblable à tous les voyages, morne et long.
Et pourtant, j'ai le sentiment d'avoir apprivoisé mon bus.

Un bus qui est pour moi unique au monde, et pour qui je suis unique au monde.