lundi 11 août 2014

De la Piscine du Rhône devenue "centre nautique"

L'été 2013 (alors que la partie "ludique" (nord) de la piscine venait d'ouvrir) avait été marqué par de très importants problèmes, à cause d'une très forte affluence qui n'avait pas été préparée, dont les employés (de la ville et d'une société de sécurité sous-traitante) ont été les premières victimes, jusqu'à faire grève (article de LyonMag).
Nous n'y étions allé en août, sans constater de problèmes particulier, avec une présence impressionnante du service de sécurité et même de forces de police chaque jour à la fermeture. Comme chaque été, nous privilégions les fins de journée, après le travail, profitant d'un temps moins chaud et d'une affluence moindre aussi.

Au printemps 2014, mais après les élections, la majorité municipale (PS et affiliés) a décidé unilatéralement (écologistes et autres groupes de gauche n'ayant pas voté pour) d'augmenter le prix de cette piscine municipale de +135 % !
Officiellement, cette augmentation n'est justifiée que par les nouvelles installations, ayant coûté près de 30 millions d'euros, et sans rapport avec les problèmes de l'été précédent...

Aujourd'hui, alors que l'on payait au maximum 3,50 euros (et un peu moins avec des cartes de 10 entrées, valable dans toutes les piscines municipales de Lyon), l'entrée est à 8 euros !
On a pu lire de nombreux articles dans les quotidiens, hebdos et mensuel de Lyon et de la région, des manifestations ont eu lieu, des pétitions. Tout cela a permis de légers aménagements des tarifs, qui deviennent ainsi presque aussi complexes que ceux des TCL*, mais pour des usagers adultes de base, ne venant que pour nager une heure il n'y a qu'un moyen de payer moins cher : payer d'un coup 50 euros !

J'ai donc acheté cette carte de 25 heures pour 50 euros, le budget de l'été s'alourdit.
Puisque l'été dernier, comme chaque année, j'avais acheté en avance une carte de 10 entrées pour 24,60 euros (avec laquelle on pouvait rester le temps que je voulais dans la journée), j'ai donc proposé à l'accueil de la piscine de créditer ces entrées déjà payées sur la nouvelle carte. IMPOSSIBLE. La solution ? Aller dans une autre piscine municipale... mais l'été il n'y a AUCUN piscine ouverte dans le centre de la ville. Et encore, l'employée à l'accueil ne pouvait m'assurer que je pourrais obtenir un remboursement : d'après elle on m'échangerais mes 10 entrées par une nouvelle carte sur laquelle elles seraient créditées... Une carte différente !

En arrivant, j'ai constaté que les toboggans aquatiques étaient déjà fermées, effectivement ils ferment à 18h, et la pataugeoire, elle ferme à 19h. Mais j'y pense : qu'est-ce qui a justifié l'énorme augmentation du prix ?... Les "installations ludiques", non ? Et pourtant, même fermées le prix est le même !
Et le 10 août le grand bassin a été fermé quelques heures... pourtant aucune réduction du prix (à la minute) n'a été effectuée !

Alors oui les vestiaires sont enfin propres, ce n'était pas du luxe, oui le grand bassin est nettement plus agréable, on ne risque plus de se couper les orteils sur les carrelages cassés, et les "installations ludiques" ne sont pas désagréables (de là à dire que c'est ludique...), mais pour un tel prix dans LA SEULE PISCINE MUNICIPALE DU CENTRE DE LYON est bien trop chère !

Soyons honnête, cette politique tarifaire est la seule solution trouvée par le maire de Lyon et ses conseillers pour éviter les problèmes de l'été 2013, et c'est pitoyable.


*Pour prendre les transports publics lyonnais, il y a 23 prix différents (sans compter le très cher tramway pour l'aéroport, qui a lui 13 tarifs différents).

lundi 12 mai 2014

Nous étions trois, j'commence par moi.

Moi, le barbu et l'stéphanois.

Nous montions les escalators de la gare de Perrache pour raccompagner le stéphanois à son train
(afin de nous assurer qu'il partait bien de notre belle cité qu'il souillait de la lubricité dont les stéphanois sont capables, lubricité qui s'exprimait sur les escalators par de virils attouchements sur l'épaule et des rires aussi joyeux que bruyants, teintée d'une proximité qui pouvait laisser voir que nous étions aussi proxi que mité).

En haut de l'escalier, deux zyvas encagoulés, par les hormones excités, nous ont hélés : "Soyez discrets, hein."
Un poil surpris, et actuellement très énervé par la vie en général -j'y reviendrais peut être-, je lui demandais en retour "Est-ce que tu demandes la même discrétion aux couples hétéros?"
Oui, je sais, je l'ai tutoyé, et c'est mal de tutoyer un nain pas connu.
Mais faut pas trop me chercher, en ce moment -j'y reviendrais peut être-.
Et si tu me dis que 1/ je l'ai déjà dit  et que 2/ je vous tutoie,
alors je vous rappelle qu'il ne faut pas me courir sur le haricot en ce moment -réflexion faite, non, j'y reviendrais pas-.

L'encagoulé abruti excité par les gouines et les pédés (mais pas pour les mêmes raisons -j'y reviendrais sûrement-) observa alors : "Mais vous, vous faites trucs bizarres."
J'avais énormément envie de lui montrer tous les trucs bizarres que je sais faire avec un garçon consentant, mais j'étais trop loin pour savoir s'il sentait, je n'avais donc que la moitié de l'information.

Il s'est alors enquis de notre sexualité (ce qui encore plus mal poli que de tutoyer un petit homme célèbre) sous la forme d'une subtile interrogation : "Z'êtes gay?"
Cela m'a rassuré, s'il avait des doutes, c'est qu'il n'était pas qu'abruti, mais aussi aveugle.

Bruno lui a fait: "bravo, finement observé!", le stéphanois a dit "je vais rater mon train!", et devant le choix cornélien d'instruire un con ou de libérer Lyon d'un indigène, j'ai préféré libérer le stéphanois des horreurs de la ville.
Je regrette un peu, j'aurais bien repoussé les limites de la lubricité encore un peu, mais je reste quand même content d'avoir tenu tête, dans les limites de la bienséante et légendaire courtoisie Lyonnaise.

lundi 3 février 2014

Dérisoirement intelligent ?

Samedi, nous étions sous la pluie, pour soutenir le droit à l'avortement en Espagne et en Europe. Quelques milliers de personnes sous leurs parapluies, des femmes surtout, de tous âges, et un peu d'hommes qui considèrent que les droits des autres raffermissent nos propres droits. Les pieds trempés, on était heureux de défendre ce droit qu'on pourrait croire acquis, mais fragile quand on le délaisse.
Et dimanche, le lendemain, on était bien décidés à aller voir QUI sont ces personnes qui vont défiler avec des enfants contre le mariage déjà ouvert à tous les couples, ceux qui vont faire du bruit pour dire qu'ils ne veulent pas d'éducation identique pour les filles et les garçons dans les écoles, ceux qui refusent à certains couples le droit d'être des familles.

Place Bellecour, j'ai ri en voyant l'écran géant avec un énorme "69" brillant en surimpression sur le logo de la famille rêvée de la ManifPourTous... J'ai sans doute l'esprit mal tourné, mais en tout cas moins mal tourné que ceux qui ont fait courir la rumeur qu'on allait apprendre aux enfants à se masturber (alors que tous les enfants le découvrent seuls sans que personne ne l'enseigne).
Puis on entend au micro (alors que la place est déjà vide), que la tête du cortège est déjà devant l'Hôtel-dieu, quai du Rhône. Déjà ? On va de ce pas vérifier :
Encore un mensonge de cette organisation, on commence à avoir l'habitude...

Mais puisqu'on était là, on a attendu que le cortège arrive. Occasion de vérifier encore une fois une constante : c'est TRES catholique. Non seulement c'est blanc, uniformément blanc européen, mais les familles présentes étaient vestimentairement proches des Le Quesnoy dans La vie est un long fleuve tranquille, et je ne parle pas des nombreux religieux présents en costumes tradi', des crucifix, des fleurs-de-lys et autres symboles de groupes catholiques. Mais après tout, chacun s'habille comme il veut, non ?... C'est juste que les vestes Barbour sont en solde en ce moment, voilà tout.
Une surprise (heureuse ?) tout de même : pas de groupe néo-nazi (Jeunesses Nationalistes, Identitaires, et consors).
Dans le cortège, je découvre deux élus de l'arrondissement, les De Lavernée : Inès, conseillère municipale (Parti Chrétien Démocrate créé par Christine Boutin), et Albéric, vice-président UMP au conseil général du Rhône. Je les prends en photo, pour archive (on voit tant d'élus qui ont la mémoire courte, ça ne coûte rien et c'est tout à fait légal).
Voyant cela, ils s'approchent de nous qui étions sur le trottoir et nous demandent : "Vous faites partie de quel groupe ?" Et nous de leur répondre :
" Nous sommes juste deux hommes homosexuels.
- Mais c'est pour quelle association ?
- Aucun groupe ou association, nous sommes deux citoyens du 2e arrondissement.
- D'accord. Et qu'est-ce que vous pensez de cette manifestation ?
- Ca pourrait me mettre en colère, mais avant tout ça me fait mal."
Forcément, ça intrigue. Mais monsieur et madame sont restés à discuter avec nous (en plein vent glacial) une demi-heure, à propos du mariage pour tous.

J'ai pris la peine de refuser d'emblée l'argument "anthropologique" à propos du mariage, parce que le mariage est un rite, un contrat, et que ça n'a rien de naturel, Cro Magnon ne se mariait pas, pas plus que les bonobos ou les dauphins, et les mariages homosexuels ont existé et existent dans d'autres sociétés humaines.
Ils refusaient que l'on puisse penser que s'opposer au mariage ouvert à tous les couples est de l'homophobie. Arguments religieux, citations de la bible et de saints, tout ça ne me semble pas avoir beaucoup d'intérêt quand on regarde les horreurs qui sont écrites dans le premier tome ("Ancien Testament"). Les arguments sur la filiation étaient plus sérieux : après tout, le mariage est là pour protéger les couples et les familles. 
On était d'accord sur un seul thème : l'adoption par une ou un célibataire est aberrant dans la logique du Code Civil, un artifice créé après guerre pour régler des situations particulières. D'accord aussi sur un point politique : Sarkozy n'a pas respecté sa promesse de créer un contrat d'union civile pour les couples homosexuels, il a fait une erreur (même si le sens de cette erreur n'est certainement pas le même pour eux que pour nous).

Peuvent-ils admettre qu'un couple de deux hommes ou deux femmes avec des enfants forment une famille ? Je ne crois pas qu'ils aient répondu clairement.
Peuvent-ils admettre que, si l'on refuse le mariage aux couples de même sexe, il faut alors le refuser aux personnes stériles, aux personnes âgées ? Selon eux il y a une différence "symbolique"... Alors évidemment, dans le registre symbolique, on arrive rapidement au bout des arguments objectifs.

Une question m'a amusé tout de même : "Vous êtes juriste ?", parce que j'avais parlé de Cambacérès et du Code Napoléon, de la loi sur l'adoption par un célibataire au début du XXe siècle et précisé que le délit d'homosexualité avait été rétabli par Vichy... Non, je ne suis pas juriste, mais je m'intéresse à mes droits et à leur histoire dans mon pays, depuis mon adolescence, parce que je suis né "malade" au sens des psychiatres avant 1987 (voire 1992), parce que je ne comprends pas qu'on me refuse les mêmes droits que tout concitoyen alors que je respecte la nation et ses lois.
Avec cette question naïve de madame de Lavernée,  j'ai réalisé alors l'asymétrie de notre débat : nous savions qui ils sont, ils ne savaient rien de nous.

L'échange était vif (comme le froid), mais tout à fait courtois, nous avons même pu rire à quelques moments. Personne n'a convaincu personne, mais j'ose espérer qu'ils réfléchiront désormais différemment sur les couples homosexuels et l'égalité des droits ou la nature d'une famille.
De mon côté, j'étais un peu apaisé : on peut discuter intelligemment avec des opposants au mariage pour tous les couples. 

Manifester avec 1000 personnes à Lyon sous la pluie pour défendre un droit décidé à Madrid, c'est peut-être dérisoire, mais il me semble c'est une condition pour nous sentir citoyens, acteurs de nos vies, de l'humanité entière. Pas besoin d'une divinité ou d'un homme providentiel, il faut être responsable.